La sérigraphie sur métal ne pose pas de grandes difficultés sur le plan technique. Les problèmes qu’il faut résoudre ne sont pas pires que ceux que l’on rencontre dans d’autres domaines. On peut noter ici, à titre d’exemple, la mauvaise compatibilité de l’encre et du support, les mélanges qui produisent des teintes inattendues, etc.

Or, ce sont justement certaines de ces difficultés qui m’attirent, et principalement celles qui font figure de paradoxe. D’une certaine façon la sérigraphie est le contraire de la peinture. Elle ignore le pinceau ; si elle n’en défend pas l’usage, elle privilégie la racle. Elle ignore le principe du dégradé et de la perspective colorée. Elle oblige à réduire le nombre des couleurs. Tandis que le plaisir du peintre est de caresser la toile, de multiplier les nuances, de suggérer des profondeurs ou des reflets grâce à la couleur…

Cette contradiction me sert d’entraîneur. Le sujet n’a qu’une importance relative. Paysages, personnages, portraits, natures mortes, friches industrielles : il s’agit de prétextes pour continuer à peindre, c’est-à-dire pour s’inscrire dans le fil de l’histoire de la peinture.

La pratique se joue ainsi avec les armes de la contradiction. Je n’utilise pas la sérigraphie en vue de produire des objets sérigraphiés, comme il serait naturel, mais comme une façon de peindre, à la place du pinceau ; et la « peinture » à laquelle ce travail aboutit n’a rien de pictural, au sens habituel du terme. Le but est d’aboutir à une image. Une image : autrement dit, par-delà le tableau, une présence souveraine et obstinée, qui ne renvoie qu’à elle-même.

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Les tirages ont  été effectués par les soins d'AGS, à Nantes : Atelier Graphique Saunière, www.ateliergraphique.com